En mars 2000, l’ancien patron de la CIA M. James Woolsey déclarait que les interceptions effectuées par le biais du système Echelon visait à détecter les opérations de corruption pratiquées en Europe. Nous avons aujourd’hui une question très simple à poser à ce Monsieur : l’affaire Enron a-t-elle été détectée par le système Echelon ?L’énormité de cette affaire de corruption qui touche un pan entier de l’économie américaine devrait inciter les Américains à prendre un profil bas sur le fonctionnement de leur propre système. Le scandale Enron révèle en effet les liens particulièrement opaques qui existent entre le monde des affaires et le monde politique américain. Qui lave plus blanc que blanc, certainement pas l’équipe Bush actuellement au pouvoir. Mais le plus important du scandale Enron, c’est la mise en lumière de la fragilité de la réputation des grands cabinets d’audit anglo-saxons étonnamment silencieux sur les retombées des malversations financières d’Andersen dans le dossier Enron (voir l’article de Philippe Esclavier sur ce même site).
L’équipe d’Infoguerre dénonce depuis plusieurs années l’impunité dont jouit la réputation des Big Five dans les milieux industriels français et européens. Il est pitoyable de voir à quel point les grandes écoles de commerce française comme l’ESSEC et HEC manquent d’esprit critique sur l’activité de ces cabinets d’audit. La pêche aux hauts salaires rend nos futures élites inaptes au jugement critique. Certes les Big Five essaient discrètement de corriger le tir pour ne pas accentuer leur déficit d’image en dissociant l’audit du conseil afin de ne plus être juge et partie mais ils prennent cette mesure évidente seulement contraints et forcés par la réalité des faits, c’est-à-dire l’anarchie de leur système et la corruption rampante qu’il entraîne dans le pilotage des entreprises.
Peu de voix se font entendre sur ce sujet. L’ONG Transparency International, si pressée de dénoncer la corruption dans les économies émergentes, a une extinction de voix plutôt douteuse. Son silence en dit long sur la dimension éthique de son positionnement dans le débat mondial sur la corruption. Et pourtant, des industriels, des représentants du monde politique français et européen vont continuer à lui signer des chèques en jurant la main sur le cœur qu’ils sont sincères et croient à la légitimité de cette ONG. Combien d’affaires Enron faudra-t-il pour mettre fin à cette pitrerie ?