Affaire Enron - Andersen : Les Big Five une nouvelle fois en accusation

La récente faillite du groupe américain Enron, a mis en lumière la déontologie très « personnelle » des consultants américains du Cabinet Andersen. Ce dernier, chargé de certifier les comptes de l’entreprise Enron, aurait, selon un cabinet d'avocats de Washington, Gottesdiener, «… en toute connaissance de cause abusé les employés d'Enron en aidant activement le groupe à dissimuler sa véritable situation financière et le fait qu'il était imprudent d'acheter des titres de la compagnie ». Selon le même Gottesdiener, « il est évident qu'Andersen a aidé Enron à trafiquer sa comptabilité ».Ces révélations nous interpellent sur l’intégrité de la méthodologie que développent certains cabinets anglo-saxons.


Tous les grands de l’audit ont déjà été épinglés
Un article des Echos du 22/01/2002, nous rappelle que tous les grands de l’audit ont déjà été épinglés :

• En février 1997, KPMG a été condamné par le Tribunal de Grande Instance de Paris à indemniser Albin Michel qui demandait 80 millions de francs de dommages et intérêts à la suite de la découverte d’une situation plus dégradée que prévu dans les comptes de Magnard. KPMG a été jugé responsable des conséquences financières dommageables » pour Albin Michel de la mauvaise évaluation de la situation financière de Magnard. Dans l’affaire Albin Michel, une première expertise du groupe Salustro-Reydel avait conclu que les comptes certifiés par KPMG étaient inexacts à hauteur de 51 millions de francs.

• En février 1999, Cooper & Lybrand, aujourd’hui fusionné avec Pricewaterhouse, s’est vu infliger une amende de 35 millions de francs pour des erreurs dans l’examen des comptes de l’ancien groupe de presse de Robert Maxwell, dont l’empire s’est effondré en 1991. Cooper Lybrand a été inculpé de 59 chefs d’accusation.

• En mars 2001, les liquidateurs de la banque Pallas-Stern ont assigné les commissaires aux comptes de la banque ACL Audit ( Pricewaterhouse) leur demandant 8 milliards de francs de dommages et intérêts. Les commissaires aux comptes ont été jugés coupables d’informations mensongères par certification de comptes inexacts en 2001.

• En juin 2001, la Security and Exchange Commission (SEC), l’autorité de contrôle des marchés boursiers américains, a infligé une amende de 7 millions de dollars à Arthur Andersen. Arthur Andersen s’est vu reprocher un contrôle déficient et trompeur des comptes de la société Waste Management. Pour doper artificiellement la croissance des résultats, la société avait adopté entre 1992 et 1996 des artifices comptables qui auraient chaque année gonflé le résultat net de 110 millions de dollars environ. Rappelons à ce sujet qu’il existe un rapport instruit par un procureur américain sur le lien présumé entre le numéro un du déchet Waste Management et la Mafia.

Il existe aujourd’hui un problème Big Five. L’affaire Enron montre la limite de ces structures. Les dirigeants de grands groupes ont beau nous dire qu’ils sont incontournables parce qu’ils ont la taille critique sur le marché mondial, il n’empêche que les Big Five sont soupçonnés d’être des vecteurs lourds de corruption qui risquent à terme de décrédibiliser l’ensemble de la profession et de porter un coup sérieux à l’image de leurs clients.

Philippe Esclavier