L'ennemi numérique

François-Bernard Huyghe est auteur de L'ennemi à l'ère numérique et enseigne la sociologie des médias au Celsa (Paris IV).

Interview de François-Bernard Huyghe réalisée au mois de juillet 2001 par Infoguerre


F-B Huyghe, qu'est ce que l'ennemi à l'ère numérique ? et pourquoi ce livre ?
Ce livre est né de trois constats:
- Première évidence : pendant des générations, avoir des ennemis était une situation normale. Tout petit mâle était susceptible d'aller à la guerre. Un jour peut-être, l'État, ou l'autorité lui dirait : Voilà pour quelle raison tu dois tuer à bon droit. Voilà pourquoi tu devras peut-être donner ta vie, pour défendre ton territoire, ton idéologie, tes Dieux, etc….

- Second facteur plus personnel: trop jeune pour partir en Algérie, je fais partie de la première génération européenne pour qui l'idée de mourir à la guerre est impensable et pour qui un avenir de paix va de soi. Là encore, ce n'était pas le cas de nos parents.

- Troisième élément : après la chute du communisme, notre camp semble sans ennemi, sans rival crédible. C'est une rupture dans les relations millénaires que les groupes d'hommes (où les pays) entretenaient jusque là. Du coup, certains annoncent la fin de l'histoire !
Allons-nous vraiment vivre sans guerre et sans ennemi ? Ce serait une première depuis Neandertal.
Il paraît dans le même temps que nos allons vers une société de l'information ou une révolution numérique. D'où une idéologie, ou une utopie des nouvelle technologies (cf. : Attali, Pierre Lévy, Rosnay...) Des prophètes expliquent que grâce aux nouvelles technologies, s'épanouira un monde sans frontières où la richesse sera l'information, et non plus l'énergie ni la matière, où chacun pourra s'exprimer. Bref, un monde merveilleux, pacifique ...
C'est ce que j'appelle le triomphe des 4 M : le Marché, la Mondialisation, les Médias, dont on dit qu'il ont fait tomber le mur de Berlin en unifiant la planète et dont on célèbre le nouvel avatar, Internet, et enfin la Morale. La pression de cette Morale, ou plutôt de ce moralisme se reflète à travers des phénomènes idéologiques : le politiquement correct, le droit d'intervention, la « judiciarisation » de la vie politique, le besoin d'apparaître comme écologiquement correct, socialement correct, etc…

Ce n'est quand même pas l'opinion unanime ?
En effet, on peut faire une analyse rigoureusement inverse. Des indices paraissent annoncer une « guerre de tous contre tous ». Notre univers devient un peu paranoïaque.
Même les plus modernes, les plus branchés, sont obsédés par Big Brother, ou Little Brothers, les sociétés qui nous tracent et profitent de nos connections pour nous « profiler ».
Chacun craint la surveillance, le flicage, le filmage, le traçage. Internet ressemble à une sorte de jungle, où l'on a toujours peur d'être attaqué par un virus, d'être dépouillé.
Certes, ce n'est pas la guerre au sens où ce concept suppose mort d'homme, et affrontement durable et organisé de deux groupes, mais ce sont au moins des formes de conflits.
Et puis, et ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre, il y a la guerre économique, l'infoguerre : intelligence économique offensive, déstabilisation, désinformation, etc...
L'expression « guerre économique » reflète le passage de la compétition au conflit. Ce n'est plus seulement la rivalité pour devenir les meilleurs (fut-ce par des procédés moraux douteux), afin de s'emparer de la même chose que le concurrent, (des marchés, des consommateurs) ; désormais, on déstabilise l'autre, on essaye de le paralyser, on tente de corrompre, de pervertir son image de marque.
Nous venons de voir pendant le G8 à Gênes comment des gens venus du monde entier, avec un réseau militant puissant utilisant pleinement les technologies de la communication, combattent non plus contre leurs gouvernements particuliers qu'ils jugeraient tyranniques (ils leur reprochent au contraire leur passivité face aux puissances de l'économie) mais l'idée abstraite de mondialisation. Donc contre les forces de l'économie, contre le village global de la communication et la société de l'information mais par ses propres moyens.

La pensée stratégique a-t-elle évolué pour suivre ces phénomènes ?
Dans le même temps, des militaires, et particulièrement les penseurs américains de la RMA (Revolution in Military Affairs) remettent en cause la notion de guerre. C'est intellectuellement très fascinant.
À les suivre, la guerre ne ressemblera plus aux conflits mondiaux passés : armée contre armée, sur des territoires précis, avec des moyens de destruction différents en quantité ou en qualité mais de même nature dans les deux camps, des bombes , des fusils... Il y aura un camp qui aura une telle supériorité informationnelle qu'il pourra non seulement gagner parce que capable frapper de façon ultra précise en restant à distance, mais qui sera aussi capable de prévenir toute tentative de désordre, comme une action d'un État voyou et de l'écraser dans l'œuf. Exactement comme la police est censée prévenir la criminalité.
Il y aura désormais des conflits asymétriques entre des états dominants, de fait les États Unis d'Amérique et leurs alliés, et des acteurs infra-étatiques, (guérilla, mafias, acteurs privés).
Nous entrons dans les zones grises ou l'on ne sait plus bien où passe la distinction entre le politique, l'économique, le privé, le criminel, l'idéologique...
On envisage désormais des gammes d'action, comme les frappes préventives, préemptives. Notamment avec, la nouvelle administration Bush, que les stratèges du Pentagone font de moins en moins la distinction entre opération militaire et répression, entre opération de police et action diplomatique, entre la sanction économique et l'action de surveillance. Le tout fait partie de la même panoplie de puissance depuis le satellite du système Echelon jusqu'au missile, en passant par des actions de pression médiatique ou de guerre de l'Information, qui diluent complètement ce concept traditionnel de guerre.
Donc d'un côté une montée des conflits et de l'autre une dilution de la guerre (au moins pour la fraction la plus riche de la planète, parce que pendant ce temps, il n'y a jamais eu autant d'affrontements ethniques ou autres et de massacres artisanaux à la Kalachnikov chez les autres, les pauvres.).
Et le point commun de tous ces phénomènes c'est l'information, les techniques et le monde de l'information. Il me semblait donc évident qu'il fallait confronter l'apport des sciences dites de l'information et de la communication et des disciplines concernées par le conflit. Ainsi la stratégie enseignait comment mettre le plus efficacement les forces guerrières au service de l'intelligence afin de contrecarrer la volonté symétrique de l'autre. La polémologie tentait de découvrir des constantes derrière l'explosion sporadique de violence armée : elle cherchait des corrélations avec des faits psychologiques, démographiques, culturels, etc. Bref, nous avons besoin d'un travail transdisciplinaire pour comprendre les énormes enjeux qu'impliquent ces équations nouvelles : les possibilités de perturbation ou de contrôle des nouvelles technologies, les politiques émergentes et les intérêts encore mal identifiés en une époque où l'information est à la fois une ressource, une cible et une arme. Une stratégie et une polémologie de l'ère numérique, en somme, qui rendent justice à l'omniprésence des réseaux et aux pouvoirs, y compris négatifs, de l'information, qu'il s'agisse d'électrons, de mots, d'images ou de connaissances.

Est-ce votre ambition ?
Au delà de ce livre, mon but est de développer un groupe de travail transdisciplinaire. Dans cet observatoire d'infostratégie, on confrontera des réflexions sur les médias, les mécanismes de la persuasion ou la société en réseaux avec celles des stratégistes qui pensent en terme d'infoguerre et d'infodominance, avec les spécialistes de la Nouvelle Économie qui en comprennent l'aspect conflictuel, avec des travaux sur l'intelligence économique ou le knowledge management, etc.
Ainsi, il me semble que la discipline que je professe, la médiologie qui étudie les rapports entre nos moyens de transmission et de transport (de la route ou du papier à Internet) et nos croyances et symboles a quelque chose à apporter. J'essaye de théoriser cet apport dans le livre.
J'ai énormément appris en étudiant ou en écoutant des stratèges, des militaires, curieux de toutes les nouveautés de l'infoguerre. Si les sciences de « l‘Inforcom » réfléchissent sur le rôle de l'information, voire sur sa dangerosité, les « stratégistes » ont compris depuis longtemps qu'on n'agit pas sur les gens par des forces seulement, mais aussi par de l'information. Qu'il s'agisse d'une image à la TV qui justifie une guerre aux yeux de l'opinion ou d'un bit informatique qui sème la pagaille dans un système d'ordinateurs. Il serait peut-être temps de se rencontrer et de travailler ensemble.

Il faut aussi ouvrir le dialogue avec ceux qui s'intéressent à la guerre économique et à la façon dont les entreprises et leurs images peuvent être déstabilisées, à leur dépendance au flux d'information. Toutes les caractéristiques l'économie de l'immatériel suggèrent autant de fragilités et de dangers, donc autant de possibilités d'agression.

Il faut interroger techniciens pour comprendre ce qui est réellement possible. Lorsqu'on parle d'infoguerre, il faut faire le distinguer les phantasmes, les projets, et l'efficacité réelle.

Vous êtes sceptique ?
Prudent ! L'infoguerre consiste à agir sur des choses immatérielles, c'est à dire la perception, l'esprit des gens ; dés que vous agissez sur des gens, ce n'est plus de la technique, c'est de la pragmatique et il est dans ce cas extrêmement aléatoire de prétendre à une réussite « scientifique ».
On a vu des opérations de guerre de l'information réussir et d'autre échouer lamentablement. Ce qui est crédible, ce qui marche sur une population n'est jamais aussi simple que ce qui a pu être prévu dans les plans d'attaque.
Là encore il faut faire le tri : si on s'adresse à des théoriciens comme ceux de la Rand Corporation, ils défendent une doctrine qu'ils vendent au gouvernement U.S. Les acteurs économiques qui traitent de l'infoguerre ont aussi quelque chose à vendre : leurs services ou leur logiciel-miracle. Quand on se tourne vers les journalistes, on risque de n'entendre que des histoires excitantes et sulfureuses.

Ainsi, quel à été le poids réel durant les événements du Proche-orient des attaques sur Internet ? Je serais tenté de dire : quasiment nul. Bloquer un site une demi-journée est mille fois moins efficace que de répandre l'image d'un enfant palestinien qui reçoit une rafale et meurt en direct ou l'image de soldats israélien lynché dans un commissariat. Le cyber-chaos annoncé sporadiquement (une poignée de mercenaires numériques mettant un pays à genoux avec quelques modems et des attaques bien ciblées) reste pour le moment une hypothèse. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille négliger les projets de cyber-conflit : ou ils se réaliseront un jour, et il faut y penser, ou bien c'est un fantasme, et il faut l'analyser.
De ce côté là, il ne faut pas céder à la religion des nouvelles technologies, et enterrer trop vite les vieux médias. Quand on me dit que désormais, l'ancien monde des mass média est fini, que nous sommes dans l'immatériel, je leur rappelle que la troisième activité humaine en temps passé dans nos sociétés occidentales c'est la consommation de TV.

Il y a donc un réel problème de fiabilité. Au sein de l'Observatoire de géostratégie, il faudrait appliquer des critères scientifiques de vérification entre les utopies, les légendes et les faits avérés.

La publication du numéro de Panoramique N°52 sur la guerre de l'information ( « l'information c'est la guerre » ), avec toute une équipe de spécialistes de pointe, puis celle de l'ennemi à l'ère numérique, sont, dans mon esprit, des premières contributions à l'organisme de réflexion transdisciplinaire.

Pensez-vous à une sorte de « think tank » ?
À l'évidence, il nous manque un Think Tank à la française pour créer le réseau d'expertise, définir les concepts, réaliser des analyses impartiales, donner de la visibilité à ces thèmes, alerter les décideurs et l'opinion.
Cela dit, je suis très conscient de ce qui rend le modèle américain des Think Tanks difficilement transposable ici. Il n'y a pas le système fiscal qui rend déductibles d'impôts les contributions aux Think Tanks (considérés comme des dons « philanthropiques »), ni, dans les administrations, l'habitude de se tourner vers des sources d'expertise indépendantes et parfois critiques.

La stratégie américaine évolue ?
La vision de la guerre de l'information change.
Du triomphalisme (zéro mort, intelligence absolue, efficacité parfaite..) on passe à une vision plus défensive.
Le degré d'exigence et d'inquiétude sécuritaire augmente : les U.S.A. sont surpuissants et n'ont plus d'opposants véritables, ni idéologiquement, ni militairement, et pourtant, ils ont une crainte obsessionnelle de la catastrophe : le cyber-sabotage qui paralyserait leurs infrastructures vitales, l'offensive d'infoguerre, le désordre dans les « zones grises » » (entre politique et économique, guerre et paix, crime et géostratégie, privé et public, etc.)
En même temps, l'idée d'Information Warfare, longtemps considérée comme un complément, un substitut de la guerre conventionnelle, mène à la notion qu'il faut désormais instaurer un soft power. Ce serait ce que les américains appellent shapping the globalisazion : contrôler, la globalisation, prendre la charge de l'évolution du monde à leur compte, se protéger contre tout désordre.
Cela se traduit d'une part par la fusion des opérations militaires dans une panoplie d'actions médiatiques, diplomatiques, culturelles et économiques allant de la sanction à la séduction. D'autre part on est frappé par un certain déterminisme : c'est la croyance que les technologies de l'information et de la communication vont guider l'évolution économie, diplomatique et d'une certaine façon fournir un « sens de l'histoire », un peu comme l'imagine Alvin Toffler. Du coup, les États-Unis perdent un peu la notion d'ennemi au profit de la distinction entre ceux qui sont dans le mouvement de l'histoire et les autres.
Il y aura les bonnes sociétés qui seront celles des 4 M, et il y aura les archaïques, qui pour des raisons idéologiques ou culturelles resteront par essence hostiles à ce processus.
Autrefois, dénoncer l'impérialisme culturel, dire que les mass média sont une au service de l'impérialisme politique, affirmer que le nouvel ordre mondial de l'information servait à contrôler la planète, c'était une thèse gauchisante. Mais maintenant, ce sont les stratégistes U.S. eux-mêmes qui le disent. Les séminaires de l'OTAN animés par de Caro, gourou de l'infoguerre s'intitulent TV viol et mensonge. On y explique, à propos de la Yougoslavie, que la meilleure arme pour combattre des, Milosevic et consort, ce serait la diffusion d'Alerte à Malibu qui propage les valeurs américaines. Ce genre de propos dans les colonnes du Monde Diplomatique n'aurait surpris personne ; ce qui est surprenant c'est de l'entendre lors d'un séminaire de l'OTAN.

Les intellectuels français s'intéressent-ils à ces questions ?
Dans mon domaine, celui des sciences de l'information et de la communication, beaucoup ressassent les débats sur le pouvoir des vieux médias, l'aliénation des masses plutôt que de se poser des questions stratégiques. Ou le thème « la Société de l'information, vraie ou fausse démocratie ? ». Mais le mot conflit fait souvent reculer : quelqu'un qui s'intéresse au conflit est-il psychologiquement très sain ? Et ces maniaques de l'infoguerre ne seraient-ils pas des anti-américains aux motivations suspectes ?
Cette frilosité est due à la pénétration de la soft idéologie qui a générée, après l'effondrement doctrinal de l'idéologie marxiste, un revirement chez beaucoup d'intellectuels passés de la nostalgie de la révolte à la pédagogie de la société de l'information, plus le magistère moral au nom des droits de l'individu.
En se reconvertissant dans le rôle facile de professeurs de morale, nombre d'intellectuels se placent en situation idéale. Ils jugent de tout, s'indignent sans exercer aucune responsabilité, mais expliquent aux gens qui détiennent le pouvoir qu'ils sont dans un mouvement « positif », que nous allons vers un monde meilleur.

Tout conflit s'accompagne-t-il d'une manipulation de l'opinion ?
On l'a vu au moment du Kosovo ou quiconque n'était pas persuadé que l'on assistait à un génocide de 500 000 personnes et que l'intervention de l'OTAN était justifié, était soupçonné de révisionnisme.
Le procédé « reductio ad hitlerum » est extrêmement grossier, mais il fonctionne, car moins il y a d'ennemis réels, le plus on a besoin de diables imaginaires Saddam Hussein, Milosevic …qui sera le prochain ?
Ces ennemis «imaginaires» sont cependant toujours dans le camp des faibles (par rapport aux USA, à l'OTAN). C'est plus pratique.
Dans les périodes de guerre la première victime est toujours la vérité, il y a des périodes d'unanimité dans le feu de l'action c'est dans la logique de la guerre. Ce qui est plus grave, c'est que la découverte du mensonge après coup n'a plus aucune importance. Il ne suffit plus de faire savoir la vérité et de dévoiler les trucages : encore faut-il que ces révélations arrivent au bon moment et trouvent les relais. Sinon elles passent quasi inaperçues et ne changent rien.
La journaliste Élisabeth Lévy a dévoilé que, loin des 500 000 morts annoncés lors du conflit du Kosovo ; on a trouvé au Kosovo 3000 cadavres dont certains datant de la seconde Guerre mondiale. Récemment un excellent reportage télévisé sur Canal plus a montré comment on « vendait » la guerre aux journalistes et comment on répandait des bobards (du type le complot de l'opération « Fer à cheval » qui préparait le génocide des kosovars). Résultat ? Néant.
Personne n'a pu contester ces révélations. On nous a menti, mais ceux qui nous ont menti ne font aucun mea culpa. Ils restent célèbres, crédibles et à leur poste !

En conclusion, quelle est la priorité pour vous ?
La question n'est plus d'être pour ou contre Internet ou la société de l'information, elle n'est même plus de combler un « retard français » ou d'énumérer des menaces. Elle est d'avoir un dessein. Face aux projets d'infodominance, d'intelligence absolue, de « monitoring » de la globalisation, face au modèle unique de la société en réseaux, quels seront les choix de la France et de l'Europe ?
La question est aussi d'avoir des moyens de garantir son indépendance. Les outils et réseaux de traitement de l'information sont intrinsèquement vulnérables. Les flux de tous ordres, numériques, monétaires, d'images... sont régis par des standards, des réseaux, des normes techniques qui représentent autant de possibilités de direction invisible : la souveraineté passe par une politique des instruments et procédés techniques.
Elle appelle une stratégie complémentaire de défense des intérêts dans la guerre économique. L'économie dite de l'immatériel s'accompagne de pratiques de surveillance, de déstabilisation, d'influence, etc. face auxquelles l'intervention du politique devient une nécessité.
Derrière des préoccupations montantes (sauvegarde de la vie privée, protection des biens et institutions économiques, défense face à d'éventuelles attaques militaires ou terroristes high-tech, ou plus généralement maîtrise des flux d'images et de données), des enjeux géopolitiques globaux commencent à se dessiner.
Si un livre comme « L'ennemi à l'ère numérique » pouvait contribuer à la prise de conscience de ces enjeux qu'il faut bien appeler infostratégiques, il n'aurait pas été inutile.

Biographie
Docteur d'État en Sciences Politiques et habilité à diriger des recherches en Sciences de l'Information et de la Communication, François-Bernard Huyghe, médiologue, enseigne au CELSA ainsi qu'à l'École de Guerre Économique. Ses principaux ouvrages sont des essais critiques sur les idées contemporaines (La Soft-idéologie, La langue de coton, Les Experts) mais aussi des travaux coécrits avec son épouse Edith sur les grands réseaux historiques de transmission. Derniers ouvrages : Histoire des secrets, Hazan 2000 et L'ennemi à l'ère numérique, Chaos, Information, Domination aux P.U.F. 2001. Il anime l' Observatoire Européen d'Infostratégie, centre de recherche sur la guerre de l'information et l'infodominance.