En signant ce projet de loi, Microsoft ne suit pas l'ultime revirement de l'administration Bush qui s'opposait à ce projet. Le projet de loi interdit à toutes entreprises européennes de collaborer avec des entreprises américaines n'ayant pas signé le Safe Harbor.
Les répercutions de ce projet de loi sont importantes dans une activité économique où l'échange d'information est ou devient progressivement indispensable. En effet, les entreprises (assurances, banques, e-business, Voyages, etc.) constituent et exploitent de plus en plus de bases de données regroupant les informations personnelles sur leurs clients. Internet amplifie d'autant ce phénomène qu'il l'utilise pour développer ses activités économiques. Une limitation de leurs utilisations provoquerait par conséquent une baisse dangereuse de leurs activités.
Devant l'échance d'application du projet de loi au 1er juillet 2001, Microsoft n'avait donc pas le choix. Son importante activité en Europe et sa nouvelle stratégie .NET repose en partie sur son activité de récolte de données personnelles. La signature de Microsoft risque donc d'être suivie par celles de nombreuses autres sociétés dont l'activité en Europe est primordiale.
Les grandes compagnies de l'industrie informatique vont probablement suivre l'exemple du plus important éditeur de logiciel au monde. Ce qui risque d'aller en contradiction avec ce que défend l'Online Privacy Alliance, un groupe de pression pour qui, le respect de la vie privée nuit aux consommateurs.
L'Europe en adoptant cette loi s'est une nouvelle fois mise à dos l'administration américaine. Mais, elle réussit à imposer à de nombreuses sociétés américaines sa propre vision de la gestion de l'information et surtout des données personnelles.
Cet évènement reflète en réalité un conflit caché entre les deux continents : celui du mode de vie.
En Europe, le droit à la préservation des données personnelles est beaucoup plus poussé qu'aux Etats-Unis pour qui elles ne peuvent faire l'objet d'une protection sans porter atteinte au sacro-saint libéralisme économique. C'est donc deux écoles qui s'affrontent. L'une européenne, qui dit que l'activité économique peut se développer en préservant la vie privée des consommateurs et l'autre, américaine, qui préconise l'utilisation de ces données pour le développement d'une économie pérenne.
On retrouve ce même conflit des modes de vie européens et américains, à travers l'utilisation des OGM ou encore des Hormones de croissance ou plus récemment dans le lancement de la construction de l'A3XX pour lequel les Américains s'opposent en signalant que l'Europe pratique la concurrence déloyale en autorisant les aides des Etats dans ce projet.
Safe Harbor est, à l'image de Pearl Harbor, une défaite dans la guerre économique que se livrent les deux continents. Tout porte à croire que l'administration américaine répliquera sans concession. De quoi donner du grain à moudre aux entreprises européennes.
Vnunet.fr