L'impérialisme américain par Henri Hauser

Après avoir lu les livres de M.Hauser ("Les méthodes allemandes d'expansion économique" Armand Collin 1916, "la paix économique" Armand Collin 1935), de M. Ajam ("Le problème économique Franco-Allemand" Perrin 1914), ainsi que de M. Herzog ("le plan de guerre commerciale de l'Allemagne"), nous  constatons d'étranges similitudes dans la méthodologie actuelle utilisée par les Etats-Unis en terme de conquêtes économiques et commerciales.Nous pouvons en arriver à la conclusion que l'impérialisme américain n'est peut-être pas moins dangereux que l'impérialisme allemand du début du 20ème siècle. Mêmes méthodes, mêmes objectifs ? Ceci doit nous ammener à nous interroger sur les objectifs à long terme des Etats-Unis.

En 1915, un certain nombre d'acteurs économiques français avaient bien identifié les menaces de l'impérialisme allemand ainsi que les enjeux et les problèmes posés par les affrontements économiques de l'échiquier européen propre au début du 20ème siècle. Les ouvrages qu'ils ont publiés en leur temps avaient conduit à une véritable prise de conscience.


 

Les ouvrages de Messieurs Hauser ou Ajam éclairent d'un jour nouveau les affrontements économiques que la fin de la guerre froide a fait ressurgir.


 

Il est cependant alarmant de constater qu'à l'heure actuelle les méthodes d'expansion américaine, qui n'ont rien à envier aux méthodes allemandes du début du 20ème siècle (à se demander s'ils ne les ont pas copiées), ne génèrent pas la même prise de conscience que l'impérialisme allemand du 20ème siècle .


 

On peut s'étonner qu'aucun universitaire ou acteur économique ne soit en mesure de tirer les enseignements du passé et de se rendre compte que ces méthodes propres à l'état d'esprit allemand ont peut-être été traduites, lues et appliquées par notre principal allié qui, actuellement en passe d'atteindre la taille critique dans tous les domaines, va devenir incontournable et risque ainsi de s'assurer une maîtrise complète du monde.


 

Le silence du monde universitaire et des institutions liées au commerce et à l'industrie sur ce sujet est inquiétant.
Est-ce à dire que la vigilance et les facultés d'étonnement de nos intellectuels et de nos universitaires, d'ordinaire si prompts à réagir et à s'élever pour boycotter une entreprise française, aient été, à ce point, altérées et qu'ils ne discernent pas l'amoncellement de nuages qui se profile ?
Ceci est d'autant plus inquiétant que l'impérialisme américain n'est peut-être pas moins dangereux que l'impérialisme allemand qui a donné naissance aux errements et aux débordements haineux que l'on connaît.


 

Une relecture minutieuse de ces ouvrages s'impose afin de trouver, dans la conjoncture propre au 21ème siècle, les éléments de réponse qui vont à terme nous permettre d'envisager notre survie économique et culturelle face à l'acculturation que génère l'universalisme du modèle américain.


 

Dans la guerre économique et culturelle qui fait déjà rage, les Etats européens doivent présenter un front uni.
L'Europe ne saurait être vassalisée d'aucune manière que ce soit par une Amérique puritaine, faussement vertueuse, orgueilleuse, arrogante, obèse, pétrie de convictions (comme celle d'être la meilleure démocratie, ou d'avoir le meilleur système politique, que les autre pays devraient adopter d'ailleurs, comme leur mode alimentaire) mais aussi de paradoxes, vouée tôt ou tard à l'implosion.


 

L'Europe saura-t-elle trouver les ressources nécessaires d'une connivence collective pour s'opposer à la domination politique, culturelle et économique qu'exercent les Etats-Unis sur l'ensemble du monde ?


 

L'intervention du président Bush dans laquelle il déclarait que le mode de vie américain n'est pas négociable et qui se retrouve dans la non application des accords de Kyoto est un signal d'alarme fort qui peut remettre en cause l'avenir de l'humanité.


 

La pire erreur pour l'avenir des démocraties serait de réactiver des logiques d'empire à travers le débat sur le mode de vie. Nous disons au président Bush que pour éviter les drames du passé, le mode de vie américain doit être négociable.
Refuser cette alternative, c'est refuser la démocratie dans la mondialisation.