Greenpeace joue avec les noms de domaine

Perdant un procès face à Elf, Greenpeace ne perd pas pour autant courage, et transfère le contenu de son site www.oil-of-elf.de("www.pétrole-d'elf.de") qui dénonçait les actions d'Elf en Sibérie vers www.zensiert-durch-elf.de ("www.censuré-par-elf.de").Ce comportement n'est pas unique, néanmoins il pousse les victimes à s'interroger sur l'existence de parades adaptées.

www.zensiert-durch-elf.de.

Un comportement généralisé.
www.bbiilldd.com.
En France, le site jeboycottdanone.com qui fait l'objet d'une plainte de Danone pourrait également opter pour la même stratégie si la décision du tribunal s'avérait favorable à Danone et interdisait l'exploitation de ce nom de domaine. L'auteur du site pourrait très bien transférer son site vers une autre adresse telle que je boycottlu.com ou jeboycottevian.com, etc.
Autant dire que l'infinie déclinaison des noms de domaine donne à l'internaute une totale liberté de mouvement lui permettant de poursuivre ces "acrobaties virtuelles".

Peut-on trouver une parade ? C'est la question qu'on est en droit de se poser si on se place en tant que victime.

La justice
La parade la plus employée est l'appel à la justice pour imposer le retrait du site. On y adjoint une demande de dommage et intérêt à la victime pour tenter d'empêcher l'internaute de recommencer. Mais, cette opération ne garantit pas de stopper l'auteur du site dans sa démarche ou la diffusion de son contenu vers un autre support. Celui-ci peut très bien faire reprendre entièrement le site sur une autre adresse appartenant cette fois-ci à un propriétaire différend. La victime serait alors dans l'obligation de reprendre ses démarches judiciaires. Et en cas de réussite, le cycle reprendrait encore de plus belle.

Limiter le propriétaire
Autre moyen envisageable: limiter le nombre de sites pouvant être acquis par l'internaute grâce une sorte de permis d'achat de noms de domaine.
Cette solution rencontrerait de nombreuses limites :
- La première viendrait des consommateurs dont la loi garantit la liberté d'achat. Le plaignant peut difficilement limiter l'internaute dans ses droits de consommation qui lui garantit la possibilité d'acheter autant de noms de domaine qu'il le souhaite. Cette démarche serait également associée à une tentative de limitation de la liberté d'expression et se frotterait très vite à une vive opposition.
- La seconde viendrait des vendeurs de noms de domaines qui s'opposeraient à la limitation de leur marché.
- La troisième viendrait du fait que le propriétaire a parfaitement la possibilité de faire appel à un nombre de collaborateurs suffisant pour se procurer tous les noms de domaine qu'il souhaite.
- Enfin, la dernière limite consiste à s'interroger sur l'efficacité d'une telle démarche qui supposerait que l'internaute puisse être identifié par tous les gestionnaires de noms de domaine. Cette opération demanderait le développement lourd d'une banque de données commune ou d'un système de contrôle de l'identité de tous les propriétaires de noms de domaine. Ce système nécessiterait la compatibilité des banques de données vendeurs de noms de domaine, et un système de contrôle efficace mais coûteux et complexe à mettre en place.

Récupérer le bénéfice de l'évènement
La victime entreprend une posture originale de réponse pour récupérer un bénéfice de l'événement. Celle-ci demande une présence soutenue pour faire face à la réactivité de "l'opposant" et une importante créativité. En clair, il s'agit d'adopter une véritable position de guerre de l'information, dans l'objectif de récupérer en terme d'image le bénéfice de l'événement. Toute confrontation frontale revient à faire passer dans l'inconscient collectif "la victime" pour un agresseur opposé à la liberté d'expression. La victime devient agresseur et l'agresseur l'agressé, d'où cette nécessité de développer d'autres solutions de réponse plus originale.

Le piratage.
Enfin, l'ultime solution, mais cette fois-ci totalement illégale et qui pourrait conduire son auteur ou commanditaire à d'importantes sanctions judiciaires : le piratage d'un site. Cette pratique qui se développe, pourrait fortement se multiplier si des entreprises avaient pour idée de commanditer des pirates sans scrupules. On assisterait alors à une recrudescence de ce type d'infraction, intensifiant ce qu'on appelle communément déjà la " Cyberwar " (la guerre électronique). Certains pays dont l'Allemagne, les Etats-Unis, et la Chine se placent déjà dans ce cas de figure et s'arment pour y faire face.

Article de Zdnet:

Le journal allemand Bild à poil sur Internet
L'armée allemande combat le site d'un objecteur de conscience
Greenpeace veut pouvoir critiquer Elf