Un débat stratégique doit définir la finalité d'Echelon



Echelon: Un débat stratégique doit définir la finalité d'Echelon.

A cette occasion, M. Harbulot, Directeur associé de C4iFR et Directeur de l'Ecole de Guerre Economique, a pu exprimer une des positions de C4iFR selon laquelle, le véritable débat stratégique concernant le système Echelon porte moins sur son existence et sur son efficacité, réelle ou supposée, que sur sa finalité. L'Europe doit désormais s'interroger sur la capacité de nuisance d'un tel système d'écoute et mettre en place un véritable débat stratégique, duquel le concept de guerre économique ne peut  plus être écarté. Effectivement, des opportunités d'influence économique et politique générées par la collecte d'informations stratégiques, puis développées in fine par les Etats-Unis iraient à l'encontre de l'intérêt de puissance de l'Europe.


 

Acquisition technique mais action humaine
Le système Echelon n'est qu'un capteur parmi d'autres systèmes d'acquisition de l'information stratégique, qui cristallise actuellement l'attention des responsables européens. Il ne faut pas pour autant oublier que l'élément fondamental sur lequel repose tout système de renseignement reste le système humain. A toute organisation technologique de collecte d'information est couplée une organisation humaine. L'Europe en se focalisant sur les aspects technologiques du système Echelon occulte la probable existence d'un système de sources humaines au sein même de l'institution européenne.

Des institutions sous influence
M. Jouvert dans son ouvrage " l'Amérique contre de Gaulle"  a démontré que pendant les années 60/69, aucune des décisions stratégiques prises aux plus hauts niveaux de l'Etat français, n'échappait aux américains. Entend-il par là que les institutions françaises étaient "gangrenées" par des agents de renseignement et d'influence étrangers? Si dans le passé, les américains ont développé des opérations de noyautage, ils pourraient très bien les avoir renouvelées au niveau du parlement européen. On peut à ce titre s'interroger sur les déclarations de Desmond Perkins, responsable du chiffrement de Bruxelles, qui a sereinement confirmé que la vérification des systèmes de cryptage de Bruxelles, utilisés pour les communications extérieures, avait été confiée à la National Security Agency (NSA).

La nécessité d'une grille de lecture alliés / adversaires
Les Européens ont un effort majeur à fournir afin de décrypter les opérations et les méthodes d'influence que génère forcément l'exploitation de la masse d'informations collectées. Seul l'apprentissage et l'application de la grille de lecture alliés / adversaires permettra de déceler ces opérations d'influence des Etats-Unis vis à vis de l'Europe ; opérations qui deviennent d'autant moins détectables qu'elles s'améliorent au fil du temps.

Retrouver la mémoire de la contre ingérence économique
Selon M. Gehrad Schmid , la guerre économique a remplacé la guerre froide. C4iFR affirme qu'il y avait déjà une guerre économique avant la guerre froide mais que celle-ci a fait disparaître la mémoire collective des affrontements économiques. C4iFR en veut pour preuve un ouvrage publié à Stuttgart en  1915  par S. Herzog dont le titre  "Le plan de Guerre Commerciale de l'Allemagne" est évocateur. Ce livre de guerre économique a été traduit aux Etats-Unis et a bénéficié d'une préface de messieurs Herbert Hoover (président des Etats-Unis de 1929 à 1933) et Vernon Kellog de l'US Food Administration, avant d'être traduit en français par M. Antoine Tarlé, secrétaire général de la Chambre de Commerce de Lyon et publié en 1919 par les éditions Payot.

Un débat rehaussé
La déclaration de Mr Gehrard Schmid sur l'existence d'une véritable guerre économique, a le mérite de faire élever d'un cran le débat au sein du Parlement Européen qui devra se pencher sur la participation à Echelon du Royaume Uni et la redéfinition de son intégration à l'Europe en matière de politique Européenne de défense et de sécurité. Y aura t-il, à la veille d'enjeux électoraux, de la part de nos responsables institutionnels nationaux  la même prise de conscience ?

J.B.