L'espionnage économique russe en Allemagne

Article paru dans le journal russe VREMYA, le 26 février 2001.Titre du journal : VREMYA.
Date de parution : 26 février 2001 numéro 34.
Titre de la rubrique : Les services secrets.
Titre de l'article : "A la guerre économique comme à la guerre".
Ecrit par : Youriy CHPAKOV.
Traduit du russe en français


Dans les comptes-rendus du département fédéral allemand de protection de la constitution, basée à Cologne, des informations sur l'activité des espions de la Russie, partenaire majeur en commerce et plus grand débiteur de l'Allemagne au Club de Paris, occupent la première place. Dans un des comptes rendus de ce département il est mentionné, que pendant des années, l'objectif opérationnel majeur du service de Renseignement Extérieur russe (SVR) en Allemagne, était la collecte d'informations économiques. Le forcing sur l'espionnage technologique et économique de la part des services spéciaux russes, selon Cologne, s'est produit dans les autres pays développés d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Asie. Un bureau spécial à été formé au milieu des années 90 pour la conduite de ces différentes opérations. Le personnel de ce bureau n'était  pas seulement présent dans les ambassades et dans les consulats, mais aussi dans les entreprises russes ou russo-allemandes situées en Allemagne. Le contre-espionnage allemand en a recensé plus de 3000 : " Ces entreprises participent activement à la vie locale économique et donnent la possibilité à ses agents d'agir discrètement sur leurs priorités opérationnels " Economie et Science ". Les Allemands supposent, que sur l'invisible front russo-allemand de l'espionnage travaillent de nombreux officiers de renseignement qui " prétendent " ne plus exercer leur ancien métier. A propos de l'intérêt des services secrets russes pour l'Allemagne témoigne " le nombre d'officiers de renseignement ", qui agissent sous couverture dans les bureaux de représentation de la Fédération Russe, ainsi que le nombre de demande de visas d'entrée " d'anciens " employés identifiés comme membres des services secrets.

Il ne serait pas injuste, cependant, de supposer que le service de contre-espionnage allemand agisse seulement contre les espions russes ou contre leurs collèges de la CEI. En Allemagne, il est découvert en permanence des espions originaires de Chine (ce n'est pas un hasard si des restaurants chinois sont à chaque coin de rue), de Corée, ainsi que de pays orientaux islamiques. Il est vrai que cela va beaucoup mieux avec les pays occidentaux. Les nouveaux amis et partenaires, qui sont entrés dans l'OTAN et sont candidats à une adhésion à l'UE, - Pologne, République Tchèque, Hongrie etc. ne font plus, comme cela est dit dans les comptes rendus de Cologne, de renseignement sur l'Allemagne.

En revanche, avec les anciens amis -  Américains, en premier lieu - il faut être vigilant. Le plus révélateur dans ce contexte a été le scandale de l'année 1997. Un employé de l'ambassade d'Etats-Unis à Bonn, Jeffry Plant a recueilli des informations sur la production allemande de haute technologie, ainsi que sur les tendances politiques et économiques de ce pays.

La France montre un très grand intérêt pour le renseignement économique. Depuis l'automne 1997,
l'Ecole de Guerre Economique, établissement supérieur parisien, prépare des cadres pour mener une guerre économique globale. Au cours des années précédentes, son équipe d'enseignant a été renforcée non seulement par des experts de la vente d'armement et par des psychologues, mais aussi par des employés de la DGSE. Le général Jean PICHOT DUCLOS, stratège majeur de l'école, dit que, les étudiants diplômés de l'EGE sont appelés à " s'opposer à l'offensive du monde anglo-saxon ".

Au total, selon le contre-espionnage allemand, les dommages causés à l'économie du pays par l'espionnage économique sont estimés à 20 milliards de DM par an.

Youriy CHPAKOV
Berlin