La maitrise de l'information par le Général Loup Francart.
Sommaire
I - introduction et synthèse
II - La maîtrise de l'information
2-1) L'information est action et donne du sens
2-2) Buts de la maîtrise de l'information
2-3) Les niveaux d'application du cycle
2-4) Les domaines concernés
2-4-1) Au niveau stratégique global
2-4-2) Au niveau opérationnel
2-5) Le spectre des activité de maîtrise de l'information
Annexe 1 : L'importance de la maîtrise de l'information
Annexe 2 : Les approches de la maîtrise de l'information
Annexe 3 : Points de vue sur la maîtrise de l'information
I - Introduction et synthèse
Ce document a pour objet d’éclairer les visions des responsables et experts sur tout ce qui concerne ce domaine. Il constitue un guide d’exploration du domaine très vaste de la maîtrise de l’information.
Chronologiquement, les points de vue des armées étrangères ont d’abord été abordés (annexe 3). Cette compilation a fait apparaître l’influence du point de vue américain sur les autres points de vue, bien que celui-ci soit encore en recherche.
L’étude des différentes approches possibles (annexe 2) a mis en évidence l’immensité du champ d’action, l’interpénétration des activités militaires et civiles, désormais indissociables, ainsi que l’impossibilité de distinguer nettement les activités de temps de paix et d’engagement.
Ce tour d’horizon a permis de prendre conscience de l’importance de la maîtrise de l’information par le fait qu’elle est source et vecteur d’action dans les champs matériels et action elle-même dans les champs immatériels (annexe 1).
Comme par le passé, les armées sont tributaires de l’information. Mais celle-ci est également devenue un moyen d’action pour la prévention et la résolution des conflits :
- L’information précise le contexte et lui donne une certaine transparence grâce à une acquisition organisée.
- Elle permet ainsi de former la décision en passant par un processus de synthèse progressive mieux élaboré.
- Elle matérialise la décision par l’ensemble des techniques de mise en œuvre de systèmes.
- Elle transforme le contexte, le façonne en influençant les décisions et les opinions des différents acteurs sur la scène internationale et le théâtre des opérations.
Les actions conduites dans ce domaine peuvent donc constituer une stratégie ou une manoeuvre en vue d’atteindre le succès. Sa maîtrise nécessite une mise en synergie des quatre domaines que constituent la recherche de l’information, la décision, les actions dans les champs physiques, les actions dans les champs immatériels, grâce à l’électronique et l’informatique qui constituent deux domaines techniques dont la maîtrise est également indispensable.
En corollaire, toute stratégie ou manœuvre dans le domaine de l’information comporte un volet visant à empêcher " l’autre ou les autres " de faire de même.
Cette maîtrise se décline au niveau de la stratégie globale et de la stratégie générale militaire comme outil de connaissance, de gouvernance, d’influence et d’action, dont il convient d’orienter les directions d’effort et de planifier les activités.
Dans sa mise en œuvre opérationnelle, ses objectifs doivent être étroitement ajustés à la situation future recherchée définie par le niveau politico-stratégique. Elle devient une véritable manoeuvre menée en synergie et en parallèle à la manoeuvre des unités sur le terrain. Les modes d’action employés dans chacun des domaines doivent être définis en fonction du type d’engagement et des menaces ou risques qui leur sont liés. Ils se déclinent différemment selon le niveau d’action.
La maîtrise de l’information représente donc une vision globale à acquérir, un aspect de la stratégie ou de la manoeuvre à développer. Selon les niveaux de responsabilités, les domaines d’activités, le contexte de l’action (paix, crise, engagements) il conviendra d’en définir les buts, objectifs, plans d’action et modes d’action, organisations, équipements, formation et entraînement des personnels.
Ce guide d’exploration a pour vocation de faire prendre conscience de l’importance à accorder à la maîtrise de l’information et d’ouvrir le champ des investigations pour définir :
- une politique générale,
- des plans d’action par niveau,
- une doctrine dans chaque domaine d’action.
II - La maîtrise de l'information
La vulgarisation par les Toffler du concept de l'âge de l'information a eu le grand mérite de faire percevoir le décalage important entre les problèmes posés à la collectivité humaine par l'évolution technique et l'état du débat collectif à ce sujet. Ce décalage tient essentiellement à la nature de la vision politique sur la connaissance qui reste liée à la pensée écrite. La connaissance est perçue comme tridimensionnelle, chronologique et factuelle. La multidimensionnalité, la projection dans l'avenir et la réalité virtuelle ne sont encore que des mots sans réalité expérimentale. Et pourtant, cette réalité est là, à l'entrée dans le XXI° siècle. Ceux qui la saisiront pourront encore espérer maîtriser leur devenir. Les autres devront sans doute le subir.
Les armées, ultime outil de maîtrise de l'avenir d'une société, ne peuvent rester en retrait de cette évolution inéluctable. Elle ne concerne pas seulement les moyens techniques. Elle concerne surtout un nouveau mode d'appréhension des événements, de résolution des problèmes et d'action sur l’environnement conflictuel.
2-1) L’information est action et donne du sens
L'information est devenue action. Elle l'a d'ailleurs toujours été plus ou moins. Par ses paroles et ses attitudes, l'être humain agit, c'est-à-dire qu'il a un impact sur les autres êtres humains. Mais, contrairement à l'analyse des théoriciens mécanistes de l'information, l'information ne doit pas seulement être utilisée en la resituant dans son contexte. Elle participe au contexte lui-même, le fait évoluer et ne se distingue de l'action en général que parce qu'elle vise plus directement le plan des représentations. Le contexte est la cible même des actes de communication. Ceux-ci le précisent, l'évaluent, le façonnent, le transforment.
Le contexte opérationnel est fait de différents espaces, physiques (aérien, maritime, terrestre, électromagnétique), humains (notions de territoire) et structurels (politico-administratif + économique). Chacun de ces espaces s’organise en une multitude de réseaux qui s’interpénètrent, dans chaque espace et entre les espaces. On a ainsi des réseaux naturels de communication, des réseaux d’infrastructure, des réseaux humains (liés à la culture religieuse, ethnique, idéologique), des réseaux d’approvisionnement logistiques de belligérants, des réseaux de vente d’armement, etc. Dans les conflits actuels, ces réseaux doivent être connus et suivis, afin de pouvoir y appliquer un effet militaire si nécessaire. Cet effet peut certes être physique, mais il peut aussi, plus subtilement, être immatériel. Il visera à transformer l’appréciation du contexte et les décisions des individus qui animent les différents réseaux et, d’une manière plus générale, en informant et en communiquant, à convaincre de la légitimité des actions menées.
Ainsi, action et communication constituent deux facettes de mise en œuvre de la décision. Les deux visent à transformer la situation jusqu’à atteindre la situation future recherchée. Les deux utilisent l’information, une information omniprésente au traitement homogénéisé par la numérisation. Les deux vont transformer le contexte, lui donner du sens, mettre ce sens en situation.
2-2) Buts de la maîtrise de l’information
La compréhension du cycle de l’information montre à quel point il entre dans toutes les phases de l’action militaire, mais aussi combien il constitue en lui-même une stratégie ou une manoeuvre, selon le niveau auquel on se situe.
Maîtriser l’information, c’est ainsi :
- accéder à une certaine transparence du contexte en identifiant l’ensemble des réseaux dans les différents espaces ;
- en déduire une connaissance la plus précise possible de la situation ;
- anticiper les situations à venir et l’évolution du contexte dans ses différents réseaux et espaces ;
- arrêter une stratégie ou d’une manoeuvre grâce aux moyens d’aide à la décision ;
- conduire les actions dans les champs physiques grâce à l’information numérisée ;
- donner du sens au contexte en utilisant la communication opérationnelle, la communication médiatique, les opérations psychologiques si nécessaire.
L’ensemble de ces activités converge vers la situation future recherchée, définie au moment de la décision d’engagement de la Force. C’est celle-ci qui donne le sens de l’action et de la communication.
Mais en corollaire, maîtriser l’information, c’est aussi, selon le type d’opérations :
- opacifier le contexte pour empêcher adversaire ou belligérant d’en acquérir une claire connaissance, de le comprendre et d’anticiper les actions menées ;
- assurer la sauvegarde des systèmes et la sécurité des informations qui y circulent (systèmes de recueil de l’information, de communication, d’aide au commandement, systèmes d’arme) ;
- neutraliser les systèmes d’information de l’adversaire ;
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2-3) Les niveaux d’application du cycle
Tout ceci conduit à penser le problème globalement. On constate l’étroite interpénétration entre le monde civil et le monde militaire, ainsi que l'atténuation de la distinction entre l'état de paix et l’état conflictuel. La maîtrise de l’information est en passe de devenir la condition sine qua non au contrôle ininterrompu des situations.
Vivant dans un environnement informationnel permanent, le citoyen s’en sert, le subit et y contribue selon ses activités du moment. Il appartient aux responsables politiques, économiques, militaires, culturels, scientifiques, etc. de définir leur stratégie de maîtrise de l’information dans un climat de concurrence de l’information. Le cycle de l’information défini plus haut permet de définir les axes d’effort dans chacune des phases.
L’usage opérationnel de l’information semble rendre caduque la distinction habituelle des niveaux par le fait qu’il réduit l’espace et le temps. Certes, l’échange d’informations s’affranchir d’une organisation hiérarchique, mais chaque niveau conserve ses responsabilités d’action propres, y compris dans ce domaine.
Au niveau stratégique, on peut parler d’une véritable guerre de l’information qui conditionne et est au centre des autres aspects de la conduite des conflits : guerre de la maîtrise des espaces, guerre des capacités, guerre pour la décision. C’est elle qui donne le sens, la cohérence et la synergie à l’ensemble des activités. Sur le théâtre d’opération lui-même, c’est-à-dire au niveau opératif qui est le niveau de synthèse des batailles, il s’agit de mener la bataille de l’information, support, moteur et objectif de l’affrontement des volontés. Enfin, au niveau tactique, le combat de l’information n’est pas négligeable. Toutes les unités sont concernées par le cycle informationnel, soit pour maîtriser leurs propres décisions, soit pour conduire leur action, soit parce qu’elles participent à l’acquisition de l’information pour le niveau supérieur.
2-4) Les domaines concernés
Les domaines concernés par la maîtrise de l’information dépendent à la fois du cycle, des fonctions mises en œuvre, des moyens techniques utilisés, des champs d’action investis. Leur identification est indispensable pour répartir les responsabilités. Ce sont des domaines de compétence.
On peut distinguer quatre domaines généraux et deux domaines techniques à maîtriser :
- le domaine de la recherche de l’information indispensable au démarrage du cycle ;
- le domaine de la décision qui se trouve au centre du cycle, l’initialise et en assure la synergie ;
- le domaine des actions dans le champ physique ;
- le domaine des actions dans le champ psychologique ;
- le domaine de l’informatique qui démultiplie les possibilités d’action sur les autres domaines ;
- le domaine de l’électronique qui constitue le champ technique de base conditionnant les capacités dans les autres domaines, y compris l’informatique.
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2-4-1) Au niveau stratégique global et au niveau de la stratégie générale militaire, hors engagement des armées, maîtriser l’information signifie :
- assurer la recherche de l’information nécessaire à la veille stratégique et à la formation des décisions politiques dans chacun des domaines de stratégie générale, militaire, économique, diplomatique, culturelle, etc ;
- garantir la protection des informations susceptibles de faciliter la concurrence, la malveillance ou l’hostilité dans ces domaines ;
- disposer d’une véritable capacité de gouvernance (niveau politique) et de commandement (niveau militaire) fondée sur l’anticipation grâce à des outils de prospective, de modélisation et de simulation, ainsi que la circulation, le traitement et l’exploitation en temps réel de l’information ;
- organiser la maîtrise des équipements et des réseaux des organismes d’exécution des décisions, définir leurs missions, leur degré de protection et conduire leurs actions dans le champ physique ;
- mettre en place une stratégie d’influence définissant les objectifs à atteindre dans le champ psychologique et dont le but consiste à s’assurer une place décisionnelle dans l’évolution du monde, dont évidemment le monde militaire sous les trois aspects de la pensée (stratégie et doctrine), de la conviction (dissuasion et prévention) et de l’action (présence et opérations) ;
- concevoir et mettre en œuvre une politique dans les domaines étroitement liés de l’électronique et de l’informatique ; protection face aux risques, recherche d’information et indicateurs de situation, capacités d’actions physiques et virtuelles pour agir sur toutes menaces dans ces domaines. Dans le domaine de l’informatique, on distinguera les actions syntaxiques sur les matériels physiques (ordinateurs et réseaux) et logiciels, et les actions sémantiques sur l’information circulant.
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Pour illustrer l’importance de cette maîtrise stratégique de l’information dans tous les domaines et non de manière seulement parcellaire, il semble par exemple utile de définir une véritable politique vis-à-vis d’Internet. Jusqu'à présent les administrations, dont les armées, sont restées très distantes du réseau mondial. Pourtant les institutions américaines, dont l’administration Clinton, y voient maintenant le moyen de contourner des médias établis et incontrôlables. Il constitue un immense champ d’influence pour faire passer des idées, des opinions et regroupe en réseau des gens qui sans lui n’auraient jamais communiqué. Il est également une source d’échange d’informations hors du commun avec ce qui existait jusqu'à maintenant. On y trouve toute la doctrine militaire américaine et les réflexions des instituts de stratégie travaillant au profit de la Maison Blanche et du Pentagone. La présence dans le réseau et son utilisation représente donc un aspect stratégique qui dépasse largement les problèmes d’accès liés à la sécurité.
2-4-2) Au niveau opérationnel, c’est-à-dire dans le cadre d'un engagement des forces, Ces domaines se recoupent et se décomposent en sous-domaines d’action nécessitant la mise en œuvre d’une organisation particulière et de spécialistes hautement qualifiés. On peut distinguer aussi trois grandes catégories d’actions : celles dont la maîtrise permet de gagner la bataille pour l’information, celles qui assurent la bataille contre l’information des adversaires potentiels ou déclarés et enfin celles qui permettent de mener la bataille par l’information. Cette distinction est utile en terme de planification des effets à obtenir. Elle ne permet cependant pas de définir des organisations. Ce sont en effet souvent les mêmes organismes qui pratiquent deux ou trois de ces catégories d’actions.
Le schéma ci-dessous explicite les domaines et sous-domaines. Il n’est pas forcément exhaustif et doit plutôt être considéré comme un réseau évolutif plutôt que comme un cadre figé et prescriptif. De nouvelles technologies émergent chaque jour, d’anciennes technologies peuvent être employées dans des domaines qui ne les utilisaient pas jusque-là. La maîtrise de l’information est en elle-même la capacité de façonner un réseau d’actions adapté à l’engagement, établissant des liens plus ou moins directs entre les sous-domaines, organisant la cohérence des activités en vue d’atteindre la situation future recherchée.
2-5) Le spectre des activités de maîtrise de l’information
La définition des domaines ne saurait suffire à l’élaboration d’une vision des activités à mener pour maîtriser l’information. En fait, la vision globale du problème n’est possible qu’en croisant ensemble les cibles visées par les actions menées, les niveaux de responsabilités auxquels ces actions seront menées, les domaines concernés et enfin le cadre opérationnel dans lequel ces actions interviennent.
Les cibles visées seront bien sûr différentes selon que l’on se trouve en état de paix, de crise, d’opérations limitées ou de guerre. Dans le premier cas, les actions seront menées vers les acteurs de coopération à la même vision stratégique, elles s’adresseront également à l’environnement économique et aux opinions, enfin elles permettront de prévoir et d’anticiper les risques et les menaces. Dans le cadre d’un engagement, les actions destinées à assurer la maîtrise de l’information s’effectueront vers les acteurs de résolution du conflit (liaisons, organisation informationnelle, recherche de l’adhésion), vers les opinions publiques et les responsables nationaux, internationaux et, sur le théâtre, vers les parties en présence ou les adversaires.
De même, malgré la vélocité de la circulation de l’information entre les niveaux, les activités doivent être différencier selon le niveau de responsabilités et d’action auquel elles se placent. Au niveau stratégique international et national, elles seront orchestrées en liaison étroite avec le politique. Au niveau opératif, les directives reçues du niveau supérieur seront traduites en actions plus concrètes menées dans chaque domaine. Le niveau tactique en constitue le niveau d’exécution comme cela se passe pour les actions de combat.
Enfin, et c’est ici qu’apparaît le principe le plus important, les actions d’information ne peuvent être les mêmes, c’est-à-dire avoir les mêmes buts et objectifs, les mêmes modes d’action, selon le cadre de l’engagement. Il faut distinguer impérativement les actions menées dans le cadre du temps de paix, dans celui de la montée en puissance d’une crise ou dans ceux de chaque type d’engagement. On distinguera ainsi l’assistance où il n’y a pas de risques conflictuels, les opérations de maintien de la paix, où il n’y a pas de menaces mais des risques de dérive de la situation, les opérations de restauration de la paix où il y a menaces, mais pas d’adversaires désignés, les opérations d’imposition de la paix où le ou les adversaires sont désignés et enfin le cadre extrême d’une guerre pour la défense des intérêts vitaux.
Ce n’est que lorsque ce travail, important et minutieux, aura été effectué que l’on pourra estimer disposer non plus d’un simple concept sur la maîtrise de l’information, mais d’une véritable doctrine.
La maîtrise de l’information est devenue indispensable en raison des systèmes d’armes et équipements utilisés, de la mondialisation de l’information numérique, de l’influence des médias établis et des réseaux d’influence informels créés sur le Net. Bien qu’elle soit très complexe, on ne peut plus s’en passer sous peine de devenir, dans les opérations internationales, les exécutants de nations leaders dans ce domaine, ou, dans un engagement bilatéral ou national, le jouet d’organisations maîtrisant ce type d’activités.
Elle constitue une aide à la mise en œuvre d’une stratégie indirecte comme d’une stratégie directe. Elle donne du sens à l’action et la complète. Elle est action elle-même parce qu’elle façonne le contexte en vue d’atteindre la situation future recherchée dans un engagement.
Ce travail d’exploration devrait permettre d’aborder l’élaboration d’un concept de la maîtrise de l’information, c’est-à-dire de définir une politique, des plans d’action et d’équipements, des organisations à chaque niveau d’action. De là pourront être réparties les responsabilités, préparés les états-majors et unités à ce type d’actions, établis les procédures et les protocoles d’interopérabilité dans tous les domaines de l’information.
Etablir une véritable doctrine de la maîtrise de l’information consistera à fournir aux chefs et à leurs états-majors, selon leur niveau d’action, l’éventail des buts et objectifs, des cibles, des modes d’action utilisables pour chaque type d’opération selon son contexte qui est lié au mandat de la force.
Annexe 1
L’IMPORTANCE DE LA MAÎTRISE DE L’INFORMATION
Nous entrons dans un siècle où les visions politiques, économiques, sociales, culturelles, seront probablement différentes de celles qui prévalaient au XX° siècle. La vraie richesse sera celle de l’intelligence et le XXI° siècle sera orienté sur la connaissance et la capacité à donner du sens. Les nations survivront, marqueront ce siècle par leur capacité à réfléchir, à prévoir, à prendre en compte l’ensemble des données, à rechercher les solutions les plus ouvertes et à choisir la meilleure en fonction de critères qui ne seront pas forcément des critères purement économiques ou politiques (au sens faible du terme).
Malgré les difficultés que nous pouvons encore avoir à percevoir cette évolution essentielle, nous sommes en partie déjà introduits dans cette ère où l’intelligence se transforme et transforme le monde. La révolution de l’informatique et l’irruption de nouveaux moyens médiatiques nous y entraîne inexorablement. L’informatique introduit un nouveau mode de pensée. Elle prolonge l’intelligence, la met en relation directe avec les autres intelligences, créant ainsi une synergie que l’espace ne limite plus. Elle permet l’intelligence des situations et fait de l’information à la fois une richesse et un facteur d’influence.
1.1 Information et communication dans la résolution des conflits
Le monde est un lieu d'échanges. Chaque entité qui le constitue n'existe que par les échanges qu'elle a avec son environnement. Sa place dans le monde est conditionnée par le réseau d'informations qu'elle a tissé, qu'elle tisse et qu'elle projette de tisser pour continuer à exister. La stabilité n’est qu’un équilibre provisoire créé par ces échanges.
Toute période de crises et de conflits, implique une modification des communications d'informations. L'art de la guerre a toujours été tributaire de la capacité des armées à communiquer (relier) entre elles et avec leur environnement. D'un autre point de vue, on peut même aller jusqu'à dire que l’engagement d’une force est le moyen ultime de restaurer la communication (dialoguer) quand les autres manières de communiquer ne fonctionnent plus. Il débloque la situation et en crée une nouvelle qui instaurera un nouveau mode d'échanges. Inversement, chercher à empêcher la guerre revient souvent à créer de nouveaux axes de communication qui rétabliront les échanges d'informations.
Faire la guerre rompt l'impasse des échanges existants, les supprime pour en instaurer d’autres. Empêcher la guerre suppose la capacité de restaurer ou de recréer les échanges.
Ainsi apparaît l'importance primordiale de la capacité de communiquer et d'échanger des informations. C'est cette capacité qui est au coeur même de la résolution des situations conflictuelles. Elle requiert la maîtrise des réseaux de communication, des échanges effectués et des effets de ces échanges sur le contexte. La situation conflictuelle peut être considérée comme une perturbation d’un vaste réseau de réseaux dont il faut rétablir l’état de stabilité ou en créer un nouveau. La maîtrise de l'information au sein de ces réseaux est donc un moyen d'action primordial pour ceux qui sont chargés de ramener la paix soit par la maîtrise de la violence soit par des actions de force.
1.2 Les difficultés d'approche de la maîtrise de l'information
Une deuxième difficulté tient au problème de vocabulaire existant dans ce domaine. En effet, les termes communication et information ont des sens très variables. Ils sont souvent employés l'un pour l'autre et ne possèdent pas le même sens au singulier et au pluriel. Les informations n'ont pas la même signification que l'information ; les communications peuvent signifier les moyens de transport ; un communiqué constitue une information dans les informations, mais une communication également, etc. Ces difficultés sémantiques n'appartiennent pas seulement à la langue française, les Anglo-saxons connaissent les mêmes. La profusion des informations et des réflexions sur l'information dépasse la capacité de communication du langage actuel.
1.3 Des technologies en synergie
- Les techniques de conception matérielle et logicielle permettent la réalisation de structures complexes.
- L'architecture des capacités de calcul structure les dispositifs électroniques et permet des traitements de haute performance.
- L’architecture des moyens de communications (télécommunications et réseaux) organise les moyens de communications hertziens depuis les satellites jusqu’aux réseaux radios tactiques ainsi que les différents réseaux filaires informatiques.
- Les techniques de gestion de systèmes permettent l’exploitation des réseaux de communications et l’optimisation des ressources matérielles.
- Le stockage et la manipulation des données permettent le tri d’informations multiples, grâce à la généralisation de la numérisation.
- La fusion des données permet l’extraction de renseignement de niveau supérieur.
- La représentation et la construction de la connaissance permettent la conception des systèmes experts et apportent l’intelligence artificielle.
- La modélisation autorise la représentation d’un environnement par le calcul et conduit à la simulation dynamique qui permet l’anticipation.
- La recherche opérationnelle permet de trouver une solution exacte ou approchée d’un problème.
- L’aide à la décision permet de représenter des axes d’action possibles associés avec leurs avantages et leurs inconvénients.
- La coopération homme-machine recouvre l’ensemble des spécifications externes des systèmes et offre une mise en relation optimum entre l’homme et les systèmes
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1.4 L’influence médiatique
La guerre du Golfe a fait apparaître l’influence importante des médias, et en particulier la télévision, dans la décision politique et la conduite des opérations. Leur soutien est nécessaire à toute intervention. De plus, la constitution de chaînes d’information continue diffusant dans le monde entier contribue à sensibiliser les opinions sur les événements rapportés et façonne quelque peu une opinion internationale. Il apparaît cependant que cette opinion est fragile du fait que l’information internationale télévisuelle agit sur l’émotion et les sentiments plus qu’elle ne fournit une explication de la situation rapportée.
o o O O o o
Annexe 2
LES APPROCHES DE LA MAITRISE DE L'INFORMATION
La maîtrise de l’information recouvre de nombreux domaines. L’inventaire de ces domaines et l’étude de chacun d’eux ne suffisent pas à saisir la globalité du concept et la synergie qui en découle. Il est donc nécessaire d’avoir une vision globale. Celle-ci peut cependant se faire sous plusieurs approches. Chacun d’entre elles met en évidence certains aspects de la synergie à optimiser.
2.1 L’approche mécaniste
Basée sur le modèle mécaniste de Shannon , l’approche mécaniste intègre dans une vision linéaire la théorie du vecteur (la communication) et la théorie de l'information proprement dite.
Le transfert d'information s'effectue de la source au destinataire entre lesquels il y a une diminution de l'entropie informationnelle. Le transfert d'énergie vectrice s'effectue de l'émetteur au récepteur entre lesquels il y a une augmentation de l'entropie énergétique. Le codeur inscrit dans le vecteur énergétique les modulations issues de la source, le décodeur les identifie et les transmet aux destinataires. Entre l'émetteur et le récepteur la voie, qui est tout ou partie du conducteur, transporte l'énergie modulée. Le canal est l'ensemble du dispositif situé entre la sortie de la source et l'entrée du destinataire. Le canal peut engendrer des bruits qu'il faudra éliminer. Enfin, la théorie de Shannon fut complétée par l'introduction du feed-back, c'est-à-dire du contrôle des effets des messages transmis par l'émetteur à travers les réponses du récepteur. Le feed-back peut être attaché au message lui-même ou au canal pour réduire les bruits par amplification du signal.
Cette approche n'est pas applicable seulement à la transmission de messages. Elle s'applique à la communication en général, qu'il s'agisse du langage, de la lecture, d'échange de signes audiovisuels, etc. Elle a cependant l'inconvénient de ne pas s'intéresser d'une part à la signification des messages transmis, donc au langage à la connaissance et au sens, et d'autre part à leur impact sur l'environnement. Enfin cette approche théorique ne permet pas d’aborder les problèmes de finalités et d’organisation militaire.
2.2 L’approche conceptuelle
L’approche conceptuelle de Martin Libicki prend en compte l’ensemble des niveaux de responsabilités concernées par la guerre de l’information. Sept domaines différents ont été identifiés. Ces domaines peuvent viser des cibles militaires ou civiles, ou éventuellement les deux à la fois.
Le domaine de l’informatique a été particulièrement étudié. Il comprend la guerre des hackers qui s’inscrit pour la cible militaire dans la guerre du commandement et des systèmes d’information et qui peut comprendre un aspect offensif et un aspect défensif ; la guerre cybernétique ou cyberwarfare qui inclut le terrorisme par l’information, les attaques sémantiques sur le sens du contenu des informations, la simulation et le combat virtuel, la guerre de Gibson, du nom d’un auteur de science fiction, qui permet de construire des situations virtuelles par argumentation.
La guerre psychologique inclut la contre-volonté, les actions psychologiques contre forces, le contre-commandement, la guerre culturelle.
La guerre info-économique comprend bien sûr l’intelligence économique, mais aussi le blocus de l’information par le contrôle et l’attaque des réseaux. Elle comprend aussi l’impérialisme informationnel permettant la domination des échanges commerciaux.
La vision de M. Libicki est particulièrement ouverte et exhaustive. Son utilisation telle quelle par les organismes militaires pour une répartition en terme de responsabilités, d’organisations et de moyens, ne ferait que juxtaposer les domaines sans les mettre en synergie.
2.3 L’approche systémique
L’approche présentée est opérationnelle, en ce sens qu’elle ne prend pas en compte l’ensemble du problème de la maîtrise de l’information au niveau stratégique et en temps de paix. Elle a le mérite de montrer l’importance d’une bonne cohérence des systèmes entre eux. C’est en effet la synergie des systèmes entre eux qui va créer la maîtrise de l’information. Tout système extrêmement performant faisant partie d’un ensemble moins performant perd la valeur ajoutée qu’il apporte au système général. L’approche systémique met en évidence l’importance de la capacité de reconfiguration des réseaux. C’est cette possibilité permanente qui apportera efficacité et réactivité.
La miniaturisation de l’informatique et les progrès dans le traitement des données permettra et permet déjà la numérisation de la plupart des données brutes recueillies par des types de capteurs très différents : images, sons, ondes diverses. Ces données numérisées favorisent bien sûr leurs exploitations, raccourcissant d’autant les délais d’accès à l’information. Les autres avancées technologiques profitent de ces aspects et permettent ainsi aux systèmes de recherche d’élargir leurs champs d’action : capteurs miniaturisés et télécommandés sur le terrain, observation spatiale. Cette recherche indispensable de l’information ne se limitera plus aux agissements des belligérants, mais à l’ensemble des champs d’investigations sur les théâtres, y compris les données numérisées accessibles sur les réseaux civils comme Internet ou autres Intranet.
En ce qui concerne la télématique (la télématique englobe les réseaux et la télédiffusion), si les applications actuelles sont essentiellement liées aux réseaux numériques à intégration de services (RNIS) qui sont des réseaux d’infrastructure, il est certain que d’ici peu ces services se seront multipliés et que leur accès sur des réseaux déployables sera possible. Les applications militaires de la télédiffusion sont multiples et permettront tant de faire remonter des types de données très variables sous forme de fichiers informatiques, d’images, de textes, de cartographie, de sons, que de faire redescendre vers les unités sur le terrain des informations ou des interventions permettant de résoudre des problèmes demandant auparavant la présence de spécialistes (traitement de blessures, diagnostic et réparation de matériels à logiciel prépondérant, etc.). Les réseaux eux-mêmes constitueront un véritable cortex informationnel, configurables automatiquement et disposant de nombreuses valeurs ajoutées (VAN : value added networks) comprenant des possibilités intra-intelligentes (chiffrement, parcours variés de l’information, codification automatiques des destinataires), mais aussi extra-intelligentes permettant une interopérabilité instantanée.
L’intelligence des situations sera acquise par les systèmes cognitifs. La fonction de ces systèmes sera de transformer les données en informations utilisables par les différents niveaux de commandement. Filtres, procédés de visualisation des situations, liens hypertextes et autres techniques le permettront.
Les systèmes heuristiques sont des systèmes de simulation permettant d’anticiper à partir d’une situation donnée les évolutions possibles. Ils se fondent sur la modélisation et une démarche logique à base de règles heuristiques. Dans le domaine opérationnel, seraient ainsi réalisables à échéance assez proche des outils d’appréciation de situation et de simulation de manoeuvre permettant d’anticiper les actions à mener, les réactions aux hypothèses d’actions adverses, le passage d’une phase de manoeuvre à une autre. Dans le domaine des études sur la génétique des systèmes d’armes et de forces, la simulation permettra d’affiner le besoin, d’élaborer des modèles et de les expérimenter virtuellement dans des situations multiples avant de faire les choix de mise en fabrication ou de réorganisation de forces. En aval de la décision, d’autres systèmes prendraient le relais pour la constitution de forces, la planification et le contrôle de la manoeuvre.
Enfin, les possibilités nouvelles de traitement de l’image, du son, ou de tout autre fichier numérisé offre déjà et offriront de plus en plus des possibilités nouvelles concernant la communication opérationnelle et médiatique. Citons par exemple les études encore théoriques de M. Claude Michel sur l’aide à l’argumentation, l’aide à la détection de la désinformation. Créatrices d’un champ d’action nouveau dans le domaine de la noosphère ou sphère de la connaissance, elles ouvrent la perspective de mettre en oeuvre de véritables campagnes d’information en parallèle aux actions militaires.
2.4 L’approche décisionnelle
Cette approche met en évidence l’importance de la décision dans la maîtrise de l’information. Cœur même de la maîtrise, au centre de l’ensemble des domaines concernés, apparaît le processus décisionnel avec l’emploi progressif des outils évoqués ci-dessus.
Le traitement de l’ensemble des données recueillies, renseignements techniques et humains, informations parcellaires de toutes provenances, permet l’information nécessaire à la reconstitution des événements et à l’établissement de la situation. La synthèse des situations successives donne la connaissance de la bataille. Le jugement appliqué à cette connaissance en permet la compréhension, indispensable au passage à l’étape suivante. En effet, il s’agit alors d’anticiper la situation présente, de la projeter dans l’avenir, à partir de la compréhension des actions de l’adversaire et des possibilités offertes. Cette anticipation se faisait jusqu'à présent par la réflexion déductive. Elle pourra prochainement être relayée par les systèmes heuristiques de simulation dont on a parlé plus haut.
Notons également que cette démarche, adaptée à l’aspect opérationnel de la décision, est également applicable à la veille stratégique avec une certaine adaptation, ainsi qu’au suivi de crise pour l’aide à la décision d’engagement.
2.5 L’approche fonctionnelle
L’approche fonctionnelle permet d’aborder le problème de l’organisation des tâches, des responsabilités et des types d’unités chargées de chaque domaine concerné par l’information. Rappelons en effet qu’une fonction opérationnelle représente un ensemble d’activités transverses à l’organisation hiérarchique qui nécessite, à plusieurs niveaux, des prises de décision et une coordination mettant en œuvre une organisation particulière du commandement et des forces du fait des capacités qui leur sont associées. Cet ensemble dispose d’un cycle opérationnel propre organisant son pilotage et sa coordination.
Trois familles de fonctions opérationnelles peuvent être distinguées :
* Les fonctions intégrantes :
la fonction commandement ;
la fonction télématique, correspondant aux télécommunication et aux systèmes d’information et de communication ;
la fonction renseignement
la fonction logistique
* Les fonctions d’engagement :
la fonction contact
la fonction combat indirect
la fonction agencement de l’espace terrestre
la fonction défense sol-air
* Les fonctions d’environnement :
la fonction communication
la fonction affaires civilo-militaires
Les fonctions intégrantes, en dehors de la logistique, participent fortement à la maîtrise de l’information. C’est la cohérence de leur organisation, des moyens mis en œuvre et de leur coordination qui permet ensuite, par les fonctions d’engagement, l’action dans les champs physiques et, par les fonctions d’environnement, l’influence dans les champs physiques et psychologiques. Capacités d’action et capacités d’influence sont ainsi assurées grâce aux fonctions intégrantes.
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Annexe 3
LES POINTS DE VUE SUR LA MAITRISE DE L'INFORMATION
Ce sont les Etats-Unis qui, a la suite des Toffler, se sont penché les premiers sur la guerre de l’information. De nombreux documents d’étude, quelques documents doctrinaux officiels en attestent. Tous les pays occidentaux se sentent maintenant concernés par ce domaine. Les points de vue sont variables et mettent en évidence les visions particulières de la situation stratégique et de la culture propre du pays concerné.
3. 1 Le point de vue américain : FM 100-6
Paru en octobre 1996, le FM 100-6, appelé Information operations, traite de l’acquisition de l’information, des systèmes d’information et des opérations d’information.
Les opérations d’information comprennent principalement la guerre du commandement (C²W operations), c’est-à-dire l’attaque des moyens et de la perception du commandement adverse et la protection de la capacité de commandement ami. Planifiée en permanence dès le début de l’engagement, la guerre du commandement comprend les opérations de sécurité (sauvegarde), la déception, les opérations psychologiques, la guerre électronique et les destructions physiques. Les affaires civiles comprennent les relations à entretenir entre la Force, les autorités civiles et la population. Elles s’organisent en section administration, section économique, section communications civiles et section information civile. Elles traitent au sein d’un centre d’opérations civilo-militaires, des relations avec les ONG, les représentants des autres ministères, les représentants des gouvernements étrangers, les organisations internationales, les membres civils de la coalition. Enfin, les affaires publiques sont chargées de l’information du public américain et de la troupe sur le théâtre à travers la couverture médiatique. Elles gèrent les interviews, les reportages , les conférences de presse, etc.
Le chapitre sur le renseignement et l’information d’environnement n’apporte que des descriptions du cycle de décision. Celui traitant des systèmes d’information en décrit les fonctions, le rôle, distingue les systèmes militaires des possibilités offertes par les systèmes civils et en explicite la gestion et les mesures de sécurité.
3. 2 Le point de vue russe
Les Russes considèrent qu’une attaque de leurs systèmes informatisés de contrôle économique, des systèmes de commandement stratégique ou des systèmes de contrôle et de communications nécessaires au déploiement des forces armées serait une action d’agression sur leurs intérêts vitaux, donc un cas de casus belli susceptible même d’être l’objet d’une riposte nucléaire (commentaire d’un ministre de la Défense sur la possibilité d’une frappe américaine par l’information).
Les théoriciens russes prévoient une intellectualisation de la guerre et le développement d’une nouvelle forme d’activités militaires grâce à la guerre psychologique, aux systèmes informatisés et aux frappes par des moyens électroniques, dont l’informatique.
La guerre psychologique s’enrichit par l’assimilation des études de psychologie, psychotronique, parapsychologie, bioénergie et psychoénergie. Elle continue à viser l’éducation de la population.
L’aide à la décision constitue un élément particulièrement important de la guerre de l’information. Son domaine est envisagé de manière très vaste : objectifs, besoins, optimisation des missions, principes d’organisation, méthodologies ; optimisation des moyens, conduite des opérations, priorités, résolution des problèmes, prospective théorique et pratique.
Le développement de systèmes acquisition-frappes axés sur le spectre électronique est également inclus dans la guerre de l’information en temps qu’élément vital de la conduite des actions militaires.
Une évolution de la notion d’objectifs apparaît. Ils peuvent devenir conceptuels (méthodes), techniques (infosphère), organisationnel (systèmes vitaux), humains (responsables).
3. 3 Le point de vue allemand
Dans l’armée de terre allemande, la Bataille pour la supériorité par et avec l’information est un concept développé dans le cadre des études sur l’espace de bataille 2020 et s’intégrant dans une vision capacitaire visant à gagner et maintenir l'initiative grâce à une supériorité qualitative.
Cette supériorité implique :
• l'avantage par la rapidité de l’action ;
• l'avantage par le combat au contact et par le feu ;
• l'avantage par la mobilité : maîtrise des mouvements, acquisition des cibles, logistique, utilisation de la 3° dimension ;
• l'avantage par l’information : bataille pour et avec l’information.
Les principaux aspects concernent :
. L’acquisition de la transparence du champ de bataille;
. l’information opérationnelle (médias, activités d’information publique).
La supériorité par et avec l’information est un concept tactique, au plus opératif. Il n’y a pas actuellement de concepts développés au niveau stratégique.