Les ONG, un vecteur d’influence pour la France en Afrique francophone, l’exemple du Réseau Africain pour l’Education, la Santé et la Citoyenneté (RAES)
Conçu en 2003, le projet RAES a été co-développé par des équipes américaines et sénégalaises dans le but de promouvoir des outils de prévention en matière de santé, sous la forme de contenus pédagogiques multimédia. Dès le début, le projet a été encouragé par le président Wade et a reçu l'aide de scientifiques américains de l'UCLA, Californie du Sud et Loyola Marymont, et le soutien financier de l’UNSAID. Depuis ses débuts en qualité d’ONG sénégalaise, en 2005, les actions du RAES se sont élargies pour aider les populations vivant au Mali, en Guinée-Bissau, au Bénin, au Burkina Faso, au Niger, au Cameroun, au Togo et au Gabon.
Ce développement rapide est lié à deux facteurs essentiels : le fort soutien que le développement des technologies de l'information et de la communication (NTIC) a reçu des autorités africaines ; la réappropriation de ces NTIC par les populations locales. En effet, en réduisant les distances et en facilitant les échanges entre les parties prenantes jalonnant le parcours de soins du patient, les NTIC pallient les déficits en infrastructures et renforcent la prise en charge des malades en facilitant l'accès à la médecine et aux professionnels de santé. Ces outils ont donc d’emblée apporté des solutions innovantes aux défaillances des systèmes de soins africains.
Initialement, la croissance de RAES est aussi le fruit d'une volonté politique des Etats-Unis de soutenir les politiques de santé publique en Afrique, comme le préconisaient dès les années 90 l'OMS et même l'OIF (Organisation internationale de la Francophonie). Il est important de souligner que le RAES fut alors un moyen pour les universités américaines de pénétrer un univers étranger à la sphère traditionnelle d’influence américaine, où domine la langue française, afin d'évaluer sur le terrain les projets de développement mis en place et de tester la réappropriation par les populations des nouvelles technologies mobiles.
La France, partenaire privilégié et historique, a perdu en cinq ans une grande partie de son influence sur le marché africain, laissant le continent en proie aux appétits étrangers les plus voraces. Si notre pays a tardivement pris conscience de ce recul, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour prendre pleinement conscience, à l’image des Américains, de l’intérêt stratégique d’adjoindre les politiques d’aide au développement à des finalités d’accroissement de puissance économique et culturelle.
De nouveaux projets sont tout de même lancés pour faire face à ce problème. Par exemple, la création d'un portail Internet sur les secteurs clés du développement accélère l'intégration du monde francophone dans l'économie mondiale du numérique. Actuellement, une nouvelle dynamique est donc en cours, bien qu’elle manque de cohérence et de consistance, dans la continuité du soutien qui lui est offert. En Afrique francophone, la France doit être leader des projets de développement associés aux NTIC, en particulier dans le domaine de la santé.
Plus que jamais, la politique économique étrangère de la France doit combiner, sur le long terme, stratégie d'influence culturelle et coopération renforcée avec la société civile. Présent dans 9 pays de langue française de l'Afrique subsaharienne, le RAES incarne sans conteste l'archétype de la plateforme de coopération entre société civile, autorités publiques et secteur privé obtenant de résultats tant en matière de développement social, économique et d'influence culturel (diffusion de la langue française).