« Une “guerre froide 2.0” entre les Etats-Unis et la Chine pourrait conduire à une lutte idéologique à mort dans le cyberespace »
Suprématie technologique, contrôle des forces robotiques, influence des esprits humains… La bataille à laquelle se livrent les deux superpuissances nous fait entrer dans une ère de tensions des plus périlleuses, avertit le chercheur et enseignant en cybersécurité à l’EGE Guy-Philippe Goldstein dans une tribune au « Monde ».
Des hauteurs du Ladakh, dans le nord de l’Inde, au détroit de Miyako, dans le sud du Japon, de multiples tensions militaires opposent un bloc occidental, mené par les Etats-Unis d’Amérique, à la République populaire de Chine. Cet affrontement explique, en partie, pourquoi l’Australie a rompu de manière déloyale l’accord de livraison de sous-marins français afin de se ranger sous la bannière plus voyante d’un système d’alliance avec l’Amérique. Surtout, il place au centre du jeu une petite île de 24 millions d’habitants, Taïwan, que veut annexer la République populaire de Chine. Or, à l’opposé du régime totalitaire de Xi Jinping, Taïwan est aujourd’hui une démocratie libérale en terre chinoise plus avancée même que la France, selon la Freedom House, une organisation non gouvernementale financée par le gouvernement américain ; et une puissance industrielle avec laquelle les Etats-Unis commercent davantage qu’avec la France. Elle est le Berlin-Ouest de cette nouvelle guerre froide qui ne veut pas dire son nom.
Ce choc Etats-Unis-Chine, avec en son cœur Taïwan, avait été l’un des paris d’un roman d’anticipation, Babel Minute Zéro (Folio « policier », 2010), publié il y a quatorze ans et commis par l’auteur de ces lignes. En Israël, où le roman a été lu jusqu’à la tête de l’Etat, c’est surtout le rôle nouveau des technologies de l’information dans la lutte entre Etats qui a intéressé. Cette révolution est une clé essentielle de cette « guerre froide 2.0 ».
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