Radiographie de l’influence que la Chine se construit en France par Christian Harbulot sur Atlantico


Le rachat des participations de l'aéroport de Toulouse Blagnac par des investisseurs chinois pour une somme de 300 millions d'euros suscite actuellement la polémique. Mi novembre, c'était la chaîne hôtelière Campanile qui prenait pour propriétaire Jin Jiang International, un groupe chinois. Christian Harbulot décrypte ce phénomène avec une grille de lecture intelligence économique.

Atlantico : Toulouse Blagnac, Campanile : quelles évolutions peut-on constater en termes d'investissements chinois en France depuis plusieurs années ?

Christian Harbulot : Ces investissements soulèvent plusieurs questions : Les retombées de la main tendue aux Chinois. C’est le cas par exemple dans les télécoms avec la pénétration sur le marché français de l’opérateur Huawei. Son implantation a été très rapide et facilitée par des solutions aussi efficaces voire plus efficaces que ses concurrents et surtout moins chères ! Il est le principal fournisseur de SFR et Bouygues Telecom dans le cœur de leurs réseaux mobiles. Huawei représente 650 emplois et génère 306 millions d’euros de chiffre d’affaires en France. L’opération séduction se poursuit encore de nos jours avec entre autres un investissement de 1,5 milliards d’euros d’ici 2018 dans son centre de R&D à Sophia-Antipolis.

Cet opérateur est directement sous le contrôle de l’Etat chinois, ce qui veut dire qu’il ne peut pas être considéré comme une entreprise classique. Sur ce dossier nos décideurs n’ont pas la même grille de lecture que des pays comme les Etats-Unis, le Canada et l’Australie. Sont-ils plus lucides et compétents pour se permettre de prendre une telle décision ? Rien n’est moins sûr. Que ce soit du côté politique ou du côté entrepreneurial, la recherche de rentrée d’argent à court terme semble l’emporter sut toute autre considération. C’est la même impression qui ressort dans l’éventualité d’une acquisition d’une partie des actions de l’aéroport de Toulouse Blagnac.

Le risque de prédation économique. Laisser s’installer des forces économiques au cœur de notre système aéronautique (un des derniers points d’appui de notre infrastructure industrielle compétitive) relève de la pratique de la roulette russe quand on sait que la Chine est condamnée à utiliser tous les moyens opérationnels, donc tous les raccourcis, pour se hisser au niveau des compétiteurs occidentaux. Sans sombrer dans la paranoïa, il semble que l’empressement de remplir les caisses de l’Etat l’emporte sur une approche de bon sens qui mériterait un autre regard sur les avantages et les inconvénients d’une telle politique d’ouverture aux capitaux chinois.

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