Protection des entreprises stratégiques françaises, l'expertise de l'EGE dans Le Figaro

 

INTERVIEW - Le gouvernement a présenté, ce vendredi, son plan pour améliorer la protection des secteurs stratégiques de l'économie française face aux investisseurs étrangers. Si l'intention est louable, la France n'en devra pas moins se défaire d'un certain nombre de carcans, estime Christian Harbulot, directeur de l'École de guerre économique.

 

Edouard Philippe veut défendre «les entreprises qui comptent pour la France». Le premier ministre, en déplacement ce vendredi dans l'usine L'Oréal de Lassigny, a présenté le plan du gouvernement pour protéger les secteurs clés de l'économie française. Il a notamment annoncé un élargissement du décret Montebourg soumettant à l'autorisation préalable de Bercy l'acquisition d'une entreprise française par des investisseurs étrangers dans les secteurs jugés stratégiques. L'intelligence artificielle, la protection des données, les nanotechnologies, le spatial et les infrastructures financières viendraient ainsi s'ajouter à la défense, la sécurité nationale, l'ordre public, l'énergie, l'eau, les transports, la santé publique et les communications électroniques. Le gouvernement veut en outre muscler les sanctions contre les investisseurs ne respectant pas les engagements pris en échange du feu vert de Bercy: préservation de l'emploi, maintien du siège social et des capacités industrielles en France…

Des intentions louables, selon Christian Harbulot, directeur de l'École de guerre économique, qui ne compensent cependant pas un déficit de vision géopolitique au sein de la classe politique française.

Le Figaro.fr. - Augmentation du nombre d'entreprises protégées, nouvelles sanctions pour les contrevenants… Quel regard portez-vous sur les annonces du premier ministre?

Christian Harbulot. - C'est un premier pas. Attendons de voir si ces annonces seront suivies des faits et si Bruxelles n'interviendra pas sur ce dossier. Car à l'époque où Alain Juillet était Haut responsable chargé de l'intelligence économique au Secrétariat Général de la Défense Nationale (SGDN) (nommée par le président de la République le 31 décembre 2003, ndlr), il avait essayé de faire passer un décret sur les secteurs stratégiques, qui avait été très fortement critiqué par Bruxelles parce qu'il sortait du cadre défini et accepté par les pays membres de l'Union européenne. Depuis, on en est resté plus ou moins là. Et même lorsque le Code pénal a été modifié dans les années 1990 pour durcir les sanctions contre les auteurs d'atteintes à notre patrimoine économique, cela n'a pas été appliqué par la suite… Ceci pour dire que si la France veut mieux protéger son périmètre industriel, il faudra qu'elle le montre par des actes très précis.

LIRE LA SUITE

 

 

Articles liés