Campagnes électorales : quelques vérifications s'imposent avant de signer une pétition sur Internet


A l’occasion des élections, retour sur l’analyse d’Augustin Roch, enseignant en stratégie et intelligence économique à l’EGE, consacrée aux pétitions sur Internet ou comment apprécier le crédit à accorder à une pétition en ligne à l’heure des fake news et du tsunami informationnel. Une expertise publiée dans The Conversation.



Un nécessaire esprit critique


La pétition est un moyen reconnu de fédérer une communauté d’intérêt et de structurer des actions collectives, pas seulement en ligne mais aussi sur le terrain. Cependant, signer ou relayer une pétition exige d’exercer son esprit critique. Car Internet offre de grandes possibilités de manipulation.


Certaines ONG, à l’image de Greenpeace ou Oxfam, hébergent sur leurs propres sites Internet les pétitions qu’elles lancent. Mais des acteurs spécialisés se sont lancés dans l’activisme online, Change.org et Mesopinions.com étant les plus connus en France. Il existe aussi des sites proposant ce même service, adossés à des ONG américaines, comme Avaaz.org ou Sumofus.org.



D’abord identifier l’auteur de la pétition


L’authenticité d’une pétition s’évalue de prime abord en identifiant son auteur. Cela peut être malaisé au regard de la généralisation des pseudonymes sur Internet. Toutefois, quand l’auteur donne son véritable nom, il est utile de rechercher son profil LinkedIn et d’analyser le parcours affiché, de trouver son compte Twitter et d’évaluer sa notoriété ou de remonter le fil de ses tweets.


Certaines pétitions disposent également de soutiens clairement identifiés, par exemple des personnalités ou des ONG. Une recherche sur le site de ces personnes physiques ou morales, de leurs interventions sur les réseaux sociaux, permet de vérifier si ce parrainage est avéré, ou fictif.


Il s’agit ensuite d’analyser le contenu de la pétition et de vérifier si elle comporte des mensonges ou toute autre forme de désinformation. Pour ce faire, il est important d’analyser ses sources. Cite-t-elle notamment des études scientifiques, des rapports d’organismes reconnus ? La manière dont elle est rédigée est aussi révélatrice des intentions de leurs auteurs : grammaire ou orthographe hésitantes trahissant une initiative lancée à la va-vite, vocabulaire idéologique, arguments employés faisant appel à l’émotion… Il suffit parfois de copier-coller des passages sur Google pour identifier une source ou un acteur qui a choisi de ne pas apparaître. Cette enquête permet de replacer la pétition dans un contexte plus large et de déceler qui a intérêt à sa viralité.


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