Le Totalitarisme de l'Icann

L'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers l'organisme de gestion des noms de domaines basé à Marina del Rey (Etats-Unis) qui a récemment appelé au vote les "cyber-citoyens pour élire les membres de son directoire, a bien caché son jeu puisque grâce à une modification des statuts de l'organisme les 5 nouveaux élus ne participeront pas au vote relatif à l'extension des nouveaux noms de domaines.Après les élections qui ont permis d'élire 5 directeurs parmi les 9 possibles, les nouveaux élus apprennent qu'ils ne pourront pas participer au vote à la prochaine assemblée générale du 13 novembre 2000, pour la définition et l'attribution des nouveaux noms de domaines génériques, les terminaisons à 3 chiffres qui vont s'ajouter aux .com, .org et .net.

Pourquoi cette situation ? Tout simplement, car les statuts de l'organisme ont été modifiés au printemps dernier afin de limiter le pouvoir de ces nouveaux élus. Les statuts ne prévoient la prise de fonction effective des nouveaux directeurs qu'à la fin du meeting à l'issu duquel seront également choisies les sociétés qui seront habilitées à gérer ces nouveaux domaines génériques. Ces 5 nouveaux directeurs ne pourront donc pas influer sur les futures décisions qui engageront l'avenir d'Internet. Seuls les 9 directeurs désignés par les organismes de gestion technique du réseau pourront voter, ainsi que les 4 autres directeurs qui conservent leur siège bien que leur contrat signale la nécessité de démissionner à la fin de leur mandat. On se souvient de la décision de reporter de quelques jours la fin du scrutin pour le vote des 5 nouveaux directeurs. Faut-il y voir une manipulation de l'Icann pour empêcher les nouveaux membres de se rendre compte trop tôt de la manipulation? Au vu des réactions tardives des nouveaux élus, il ne reste qu'un pas pour l'affirmer.

Ces diverses manipulations  sont de plus en plus critiquées par les internautes et par deux des directeurs fraîchement élus et représentants des zones européennes et nord-américaines.

Ces critiques sont d'ailleurs reprises par bon nombre d'européens qui souhaitent que l'Icann fournissent plus d'informations sur le processus d'attribution des nouvelles extensions pour éviter le cybersquattage qui avait eu lieu au début d'Internet. Ils réclament également plus d'informations sur le mode de facturation qui ne permet pas de connaître les obligations de l'Icann en terme de services (Bande passante suffisamment importante, délais de réponse, personnes responsables en cas de problèmes). La société américaine qui gère les extensions en .com, .org et .net a souhaité taxer toutes les extensions, mais elle a rencontré une farouche opposition des européens qui ne paieront pas tant qu'il n'y aura pas de garanties claires assurées pas l'Icann. Seuls l'Allemagne et la Grande-Bretagne s'opposent catégoriquement à cette taxe.

La commission européenne s'était déjà manifestée en avril dernier en rappelant qu'il était nécessaire "d'élire les membres du conseil  de l'organisme au moyen de procédures transparentes et mondialement représentatives."

Pourquoi ce rappel de la commission européenne alors que la répartition du conseil d'administration de l'Icann est déjà faite par zone géographique? Pour Alain Le Gourriec, chargé de mission pour les technologies de l'information au ministère des affaires étrangères, "il est parfois utile de répéter les choses importantes". Autant dire qu'il s'agissait pour la commission européenne de rappeler à l'ordre l'Icann pour qu'elle ne tombe pas dans le totalitarisme afin d'éviter que cet organisme ne soit critiqué sur sa crédibilité.

Répondre aux exigences de transparence et de démocratie voulues par la commission européenne et par les internautes, et faire face à la pression des sociétés de commercialisation des noms de domaines pour la plupart américaines, semblent avoir poussé l'Icann vers ce totalitarisme que beaucoup craignait.

Le message de la commission européenne n'a donc pas été véritablement bien entendu de l'autre coté de l'Atlantique.

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I.C.A.N.N.